Richard MALKA
Publication : 04/O1/2023
Résumé :
Après Le droit d’emmerder Dieu, éloge du droit au blasphème, Richard Malka revient sur l’origine profonde d’une guerre millénaire au sein de l’Islam : la controverse brûlante sur la nature du Coran.
Plus qu’une plaidoirie, ces pages mûries pendant des années questionnent ce qu’il est advenu de l’Islam entre le VIIème et le XIème siècle, déchiré entre raison et soumission.
Les radicaux ont gagné, effectuant un tri dans le Coran et les paroles du Prophète, oppressant leurs ennemis – au premier rang desquels les musulmans modérés, les musiciens, artistes, philosophes, libres penseurs, les femmes et minorités sexuelles.
Plonger avec passion dans cette cassure au sein d’une religion n’est pas être « islamophobe », c’est regarder l’histoire en face.
Traité sur l’intolérance est une méditation puissante, un appel aux islamologues du savoir et de la nuance – pour qu’enfin chacun sache, comprenne, échange, s’exprime.
Note de lecture :
Un petit ouvrage à la fois très instructif et courageux, qui refuse de considérer comme anecdotique ou marginal le développement du courant qui, au sein de l’islam, affirme que le Coran, directement issu de Dieu, ne peut ni être interprété, ni être critiqué, ni évoluer.
Un courant qui s’oppose à celui qui accorde au libre arbitre une place cruciale, et selon lequel le Coran, écrit par d’innombrables rédacteurs, devrait un jour être dépassé, prolongé, réinventé. Comme tous les textes, il doit être contextualisé et interprété.
C’est depuis plus d’un millénaire que l’islam de la liberté de parole, de la raison, du savoir et du doute doit affronter celui de la soumission, qui interdit les libertés, la réflexion, la pensée.
Or c’est ce dernier qui, dans cette controverse, se fait depuis toujours entendre le plus fort.
Salman Rushdie, en 2017, dénonçait « l’aveuglement […] des gens de gauche qui font tout pour dissocier le fondamentalisme de l’islam », et s’alarmait de « l’évolution radicale de l’islam, dévoré par ce fanatisme qu’est le wahhabisme ». […]
Il y a un islam des lumières et un islam des ténèbres dont le principal ennemi est l’islam des lumières.
Pierre HESS